LE SYSTÈME SÉRÉ DE RIVIÈRES

 

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En mai 1871, la France perd la guerre contre le royaume de Prusse et ses alliés allemands, créant ainsi l’Empire Allemand lors du traité de la paix.

Cependant, cette défaite a des implications, car la ville de Metz est annulée et les territoires annexés par Louis XIV en 1681, comprenant les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle, sont perdus.

La bravoure des troupes françaises lors du siège de Belfort est la seule raison pour laquelle seul le territoire de Belfort reste français.

En échange, la France doit se séparer d’une grande partie du département de la Meurthe et de quelques communes du département vosgien.

Cependant, cette perte douloureuse ne permet pas de bâtir une paix durable.

Cependant, la France doit être réaliste. Elle sort d’un conflit qui l’a complètement affaiblie et isolée, avec une frontière sans défense, ouvrant la voie à une nouvelle invasion sur Paris. Le manque d’organisation de son armée se fait sentir, avec un armement dépassé et des citadelles imprenables complètement obsolètes face à l’artillerie rayée.

Après avoir libéré le territoire de l’armée allemande, il est impératif de reconstruire le système de défense en attendant le règlement de sa dette de guerre de 5 milliards de francs-or. Pour préparer l’armée de campagne, cette protection dissuasive doit ralentir une attaque surprise, tout en assurant le redressement militaire français.

Un nouveau système de défense.

Afin de préserver la frontière, le Général Séré de Rivières a été nommé au ministère de la guerre. Qui a mis au point un nouveau type de places fortes, constituées de plusieurs forts détachés capables de se défendre mutuellement, peu de temps avant la guerre de 1870. Leur position est à 5 ou 10 km autour du noyau central pour empêcher les bombardements, la ville où les soldats sont stationnés dans les casernes. En juin 1874, Séré de Rivières a été nommé directeur du Génie au ministère de la Guerre. Cela lui donne la possibilité de faire valider son programme le 17 juillet de la même année afin de débloquer les fonds nécessaires à la construction d’une nouvelle ligne de défense.

Les forts sur le territoire sont répartis en plusieurs groupes.

  • Les villes de Besançon et de Pontarlier étaient les principales places fortes du Jura.
  • Le deuxième concerne les Vosges, en mettant l’accent sur Belfort, Épinal et le rideau de la haute-Moselle.
  • Le troisième groupe, qui concerne la Meuse moyenne, comprend des ouvrages qui relient Toul à Verdun en passant par les Hauts de Meuse.
  • Le quatrième groupe concerne le Nord, allant de Montmédy à Dunkerque, en passant par Maubeuge et Lille. Les positions de Montmédy-Longwy et les Ayvelles-Givet assurent la liaison entre le groupe de la Meuse.

Afin de renforcer la frontière avec l’Italie, il est essentiel de moderniser les fortifications de montagne (Albertville, Briançon et Tournoux) ainsi que l’ancien camp retranché de Lyon.

Même dans le Sud, les places fortes de Nice, Toulon et Marseille subissent des modifications. Des ouvrages sont positionnés le long de la frontière espagnole et sur la côte atlantique pour assurer la sécurité des frontières maritimes, en particulier sur les principaux ports tels que Lorient, Brest, Cherbourg et Le Havre. Les colonies françaises ont reçu de nombreux ouvrages pour protéger leurs points stratégiques, et Paris se voit finalement défendu par une nouvelle ceinture de forts, placée en avant de ceux construits en 1840.

De 1874 à 1885, plus de 400 ouvrages seront édifiés le long des frontières françaises, à des endroits stratégiques où ils contrôlent un ou plusieurs moyens de communication tels que les routes, les canaux, les voies ferrées et les ponts.

Les forts qui ont été construits entre 1874 et 1885

Les forts sont construits en maçonnerie, avec une couche de terre de 2 à 5 mètres d’épaisseur qui stoppe les obus de 21 centimètres en fonte les plus gros. Grâce à leurs divers locaux, tels que la boulangerie, la cuisine, les citernes, les magasins de vivres, les magasins à poudres, etc., ils peuvent supporter un siège de plusieurs semaines. On utilise des lampes à pétrole ou à colza pour l’éclairage, mais aussi des puits de lumière qui peuvent être bloqués pendant la défense de l’ouvrage. L’arme principale est placée à l’air libre entre des traverses-abri sur des plates-formes de tir. Cependant, une partie des pièces les plus exposées, sous tourelles ou sous casemates en fonte dure, est protégée. Afin d’éviter les assauts des troupes ennemies, on abandonne le système bastionné pour le système polygonal, en entourant ces ouvrages d’un fossé sec défendu par des casemates d’artillerie basses appelées caponnières.

La crise de l’obus torpille

En 1885, la France a déployé un effort considérable. Elle peut se prémunir grâce à un armement beaucoup plus puissant et à une armée réorganisée avec un service militaire plus long. La ligne de fortification est sur le point de se terminer, avec l’arrivée d’un nouvel explosif qui rend obsolètes tous les ouvrages construits au fil des années. Pour dissimuler sa composition, l’acide picrique, connu sous le nom de mélinite, est utilisé comme explosif pour la partie détonante des obus. Il a une puissance trois à quatre fois supérieure à celle de l’ancienne poudre noire. De plus, il peut être stocké en grande quantité dans les nouveaux obus en acier, qui sont plus longs et plus fins. Une expérience à tir réel est utilisée pour tester la résistance des nouvelles fortifications, des pièces De Bange de 155 mm et de 220 mm seront utilisées pour tirer près de 170 obus sur le fort de Malmaison au-dessus de Paris. Les résultats sont dévastateurs. Les nouveaux ouvrages en maçonnerie ne peuvent pas résister à ce type d’attaque. Pour les protéger des bombardements, il est nécessaire de les renforcer en utilisant une carapace de béton et de placer l’armement sous les tourelles ou les casemates cuirassées. Toutefois, la France ne peut pas faire le même effort financier, surtout qu’il semble moins crucial qu’en 1973, car elle vient de sortir de son isolement diplomatique en s’alliant avec la Russie.

De 1885 à 1899, c’est la période de transition.

En attendant de nouvelles solutions et de nouveaux financements, quelques forts ont été renforcés en utilisant une carapace de béton spéciale de 2,50 mètres d’épaisseur, souvent utilisée pour les casernements.Les pièces d’artillerie lourde sont extraites des ouvrages pour être placées dans de nombreuses batteries d’artillerie, et les munitions sont déplacées vers divers magasins extérieurs. Par conséquent, les forts ne remplissent plus leur rôle de grosse batterie d’artillerie, mais ils conservent leur fonction d’observatoire du secteur et de flanquement des intervalles. Après 1888, les places fortifiées de Verdun, Toul, Epinal et Belfort auront des problèmes de ravitaillement en raison de ces nouvelles constructions des locomotives Péchot à deux chaudières circulaient le long d’une voie ferrée de 60 cm de large. En fonction de la configuration du terrain, elles avaient la possibilité de remplacer de 10 à 100 chevaux par convoi.

Les évolutions des cuirassements et du béton.

À partir de 1886, on cesse de renforcer les cuirassements en fonte dure en raison de l’arrivée des obus au chrome, qui fragilisent cette matière.  De nouvelles tourelles, qu’elles soient en métal mixte ou en fer laminé, vont être mises en place, comme la tourelle Buissière à éclisse qui sera expérimentée au camp de Chalon en 1888. Elle sera préférée à deux prototypes qui tournent à Saint-Chamond et Montluçon, car elle est plus résistante aux bombardements. Mais son principe de fonctionnement complexe et ses couteaux ne permettent pas de la retenir.

Ce n’est qu’en 1891 et surtout 1899 que de nouveaux équipements ont été mis en place pour protéger l’armement sous des tourelles en acier ou en fer laminé.

En 1897, l’arrivée du béton armé va rendre les renforcements plus faciles, car il est possible de le couler en dalle de 1,60 mètre d’épaisseur, pour réduire la hauteur des ouvrages afin de construire des casemates d’artillerie, des galeries ou renforcer les casernements. Il est impératif que ces modernisations puissent supporter les obus de 270 mm, qui sont le calibre le plus imposant pour l’armée de terre de l’époque.

 Entre 1899 et 1914, la construction de la fortification moderne

Il est nécessaire de réaliser des modernisations très coûteuses dans les places de Verdun, Toul, Epinal, Belfort et Maubeuge mais aussi dans quelques ouvrages des Alpes, car la France a été soutenue par l’Angleterre en cas d’agression du territoire belge.

En raison des tensions fréquentes avec l’Allemagne, il est possible d’obtenir de nouveaux crédits pour revaloriser ces places fortifiées. La modernisation des anciens forts est en cours, et de nouveaux ouvrages sortent de terre pour éloigner ou renforcer la ligne de défense. En 1914, un fort moderne est doté d’un casernement et d’un armement à l’épreuve. Il peut parfois être alimenté en électricité par le réseau civil, et il peut même avoir accès à une usine électrique qui lui garantit son indépendance énergétique. Pour communiquer avec les différentes parties de l’ouvrage, on utilise soit des tubes acoustiques, soit un téléphone. Il a la possibilité de communiquer avec les différents éléments de la place en utilisant la télégraphie électrique. Les constructions les plus modernes comprennent des batteries cuirassées extérieures indépendantes, qui peuvent être connectées au fort via des galeries. La nouvelle conception des ouvrages Maginot construits pendant l’entre-deux-guerres est annoncée. Les places fortifiées ont également progressé avec l’ajout d’environ 600 pièces d’artillerie et de nouveaux moyens de défense, comme l’aviation ou les dirigeables. Elles ont aussi la capacité de communiquer avec les places voisines ou Paris en utilisant la tour Eiffel, grâce à des stations radiotélégraphiques. À la déclaration de la guerre, la ligne de défense dissuasive est en train d’être améliorée, de nouveaux projets étaient envisagés pour renforcer la place de Paris et certains ouvrages des Alpes, des Hauts-de-Meuse et des Hauts-de-Moselle.

La guerre de 1914 à 1918

En août 1914, les Allemands décident de traverser la Belgique ils optent pour s’attaquer aux forts belges et enfreindre la neutralité de ce petit pays, qui est même dans un conflit international avec l’Angleterre, première flotte du monde. Cependant, le début de la guerre ne favorise pas la fortification. Les places belges sont prises, ainsi que la place de Maubeuge qui commençait seulement à être modernisée.La situation ne s’arrange pas avec le drame de Manonviller. Effectivement, ce fort moderne, en avant de la touée de Charmes, est rapidement submergé par les obus de 420 mm. N’ayant pas reçu d’ordre de l’extérieur, il sera de retour après 3 jours de combat, alors que les Allemands le perdent en 6h00. Après la bataille, ce fort était en assez bon état. En Mai, la propagande allemande fera beaucoup sauter une grande partie du fort pour convaincre l’état-major français que leurs bombardements avaient détruit l’ouvrage.

Les multiples conséquences auront un impact considérable sur la fortification moderne, ce qui entraînera le désarmement des places fortes en août 1915. Puisque ces places sont désarmées, les Allemands vont tenter, en février 1916, d’attaquer l’une des places les plus modernisées, « Verdun », pour faire une nouvelle percée dans le front. Cependant, cette bataille mettra en évidence l’importance de la fortification moderne. Effectivement, les forts désarmés vont endurer le déluge de feu contre lequel ils n’étaient pas préparés, devenant des points d’appui importants sur la ligne de front. Les conséquences vont entraîner le réarmement rapide de la place pour la mettre en état de défense, et quelques ajustements les travaux de 17 et les galeries de 17 garantissent les combats avec l’ennemi jusqu’au-dessus des ouvrages. Pendant la guerre, la construction de la fortification moderne avait été prouvée, ce qui rendait plus facile l’obtention de nouveaux crédits pour la construction de la ligne Maginot sur la frontière reconquise.

La fin d’une époque

En 1940, les places fortes sont utilisées comme base arrière et lieu de stockage de munitions, mais les ouvrages dotés de tourelles ou de casemates sont utilisés comme deuxième ligne de défense. Après 1885, ces forts, souvent modernisés, ne sont plus en mesure de résister aux obus ou aux bombes de très gros calibre. Ils sont maintenus par une poignée d’hommes. Lorsque les Allemands arrivent, certains ouvrages commencent à tirer en se battant dans des conditions inattendues, alors que l’armistice venait d’être signé. Ces forts seront utilisés par l’occupant comme entrepôts de munitions, mais à la fin de l’année 1942, il commence à manquer de métal. L’organisation Todt ferraillera les tourelles, les grilles et les différentes parties métalliques pour la construction du mur de l’Atlantique ou la fabrication de matériel de guerre. Seules quelques rares ouvrages sont épargnés à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les forts ont été récupérés par l’armée française comme dépôt de munitions jusqu’aux années 1960 et 1970, avant d’être abandonnés dans la plupart des cas.