Pour transporter le matériel, comme des pièces d’artillerie pesant plusieurs tonnes, le Génie utilise des chemins stratégiques pour approvisionner les fortifications. Cela entraîne rapidement des difficultés de ravitaillement des ouvrages dans les grandes places fortes.

Avec la crise de l’obus torpille, ces contraintes vont augmenter, ce qui va entraîner la dispersion de l’artillerie lourde et des munitions des fortifications dans les intervalles des places fortes, dans des ouvrages de plus en plus nombreux. Pour transporter de grands volumes de matériel à cette période, le chemin de fer est le meilleur moyen de transport.

Locomotive articulée Péchot-Bourdon modèle 1888.
Locomotive articulée Péchot-Bourdon modèle 1888.: Image #00100
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Plateformes Decauville et Péchot (plateforme Decauville)
Plateformes Decauville et Péchot (plateforme Decauville) : Image #00101
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Le 19 avril 1881, le Comité examine le rapport d’une Commission mixte « Artillerie et Génie »qui avait été chargée par le Ministre d’étudier les perfectionnements à apporter au matériel Decauville pour en rendre l’emploi facile dans l’attaque et la défense des places. Il pense qu’il devrait adopter ce matériel en tenant compte des améliorations suggérées par la Commission mentionnée précédemment. Par conséquent, le Ministre demande une instruction qui fournit les informations nécessaires aux places pour entamer les études visant à déterminer leur dotation en matériel Decauville, à voie de 0m 50.Pendant ces préparatifs, le capitaine Péchot rédige un mémoire captivant sur l’utilisation du chemin de fer à voie réduite dans la défense des places. Après avoir été examiné lors de la séance du 27 février 1883, ce mémoire est couronné de félicitations par son auteur et entraîne l’expérimentation du système de matériel de voie ferrée de type Péchot. Dans une lettre préparée pour le Ministre par la Section technique de l’Artillerie, le 9 mars 1886, des renseignements sont donnés sur le chemin de fer à voie étroite de 0m 60 système Péchot, qui va être essayé. Ce matériel ressemble à celui de Decauville, avec une voie réglementaire de 0m50, mais il est plus avancé et élaboré pour faciliter la circulation de véritables trains, remorqués par des locomotives. Après un premier essai à la Direction de Versailles, il est expérimenté en grandeur à Toul, conformément à un programme soumis le 30 juin 1887 par la Section technique.

 Une note du 16 décembre 1887 (registre des lettres du Directeur de la Section technique) donne une description du chemin de fer à voie de 0m 60 et fait ressortir les avantages de cette voie sur celle d’un mètre. Ces avantages sont de se composer d’éléments portatifs, d’exiger beaucoup moins de terrassements, de ne pas gêner autant la circulation sur les routes suivies, de pouvoir se plier à des courbes de 20 mètres (au lieu de 60m) et même de 7,63m avec la traction hippomobile. Après les essais de Toul, l’adoption a été réalisée le 24 juillet 1888, malgré d’autres propositions émanant d’officiers du Génie (général Loyre en 1886, capitaine Galopin en 1888).Dans une correspondance datée du 24 juin 1888, le Président du Comité expose les motifs suivants :

Quelle que soit la réserve faite au sujet de la voie de 1 mètre, la Commission de révision de l’Instruction du 9 mai 1874 (sur l’organisation des nouveaux ouvrages de défense) a reconnu, à l’unanimité, qu’un chemin de fer à voie de 0m 60 (système Péchot) satisfait à tous les besoins de la défense d’une grande place comme Toul. En effet, la facilité d’installation et d’entretien, la légèreté du matériel de la voie et du matériel roulant, la possibilité de construire rapidement des embranchements de circonstance qui seront rendus nécessaires pendant les opérations de siège sont des avantages incontestables et incontestés. Ce dispositif est parfaitement adapté à la traversée des zones. Il a été conçu pour satisfaire toutes les exigences du Service des transports de l’Artillerie. Il s’agit d’un système complet dans toutes ses composantes et prêt à être déployé immédiatement. Par conséquent, le Président du Comité propose de la mettre en œuvre immédiatement à Verdun, Toul, Épinal et Belfort, et de charger le Service de l’Artillerie d’effectuer les transports dans les places. D’après La Dépêche du 24 juillet 1888, cette manière de voir est approuvée. 

Voie ferrée de 0.60 m
Voie ferrée de 0.60 m
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Plaque tournante fort de Vaux
Voie ferrée de 0.60 m
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La voie à 0m 60 a été choisie, et le Génie de l’infrastructure des voies fixes et l’Artillerie de la superstructure sont chargés de l’acquisition du matériel et de la construction totale des voies mobiles. Elle précise que les rayons ne devront pas être supérieurs à 20 mètres. Il est préférable que les pentes ne dépassent pas 35 millimètres par mètre, sauf sur de courts parcours, où elles peuvent atteindre 40 à 50 millimètres, ce qui entraîne une économie notable de construction. Il est essentiel que les voies fixes soient solides pour que la vitesse moyenne soit maintenue entre 12 et 15 kilomètre-heure, sans dépasser celle de 20. La voie mobile de type Péchot est équipée de traverses qui dépendent des rails.

En 1914, il y aura un développement du réseau de voies de 60 pour ravitailler les ouvrages de la place d’Épinal, qui s’étend sur près de 120 km.