Association Les Bergers des Pierres-Moselle
Colonel Prosper Marie François Péchot
Né le 6 février 1849 à Rennes et mort le 29 mai 1928 à Paris, il était polytechnicien et officier d’artillerie français. Dans une famille de la bourgeoisie catholique de la ville, son père exerce le métier de professeur à la faculté de médecine. Entre 1871 et 1914, il a conçu un système de chemins de fer à voie étroite (la voie de 0,60 m ou voie Péchot) pour faciliter le ravitaillement des canons en munitions et le déplacement des pièces d’artillerie pendant la guerre de siège. Pendant les deux conflits mondiaux, son invention a été largement utilisée et a joué un rôle dans le développement de certains territoires d’outre-mer. 

Le système Péchot, initialement conçu pour une utilisation logistique locale, est devenu un outil stratégique majeur pendant la Première Guerre mondiale, en particulier dans les Balkans. Carrière jusqu’en 1909. En 1873, il a été assigné aux 10ème  puis 28ème régiments d’artillerie à Rennes. Il est reconnu pour ses travaux sur un embranchement ferroviaire, ce qui lui vaut les félicitations du ministre de la Guerre quelques années plus tard. C’est le commencement d’une longue analyse des transports militaires par voie ferrée. Il se met en relation avec la maison Decauville pour évaluer si les trains légers de chantiers développés par cette entreprise pourraient être utiles dans le domaine militaire. Il travaille sur un projet de chemin de fer à voie de 0,50 m pouvant acheminer des canons au sommet du fort du Mont Faron à côté de Toulon, projet qui aboutit à une impasse à cause du trop faible écartement des rails, inadapté au poids des engins transportés. Péchot est affecté à plusieurs reprises à Bourges et Paris, où il assiste aux cours de l’École de Guerre. En même temps, il poursuit sa collaboration avec Decauville et examine en détail les faiblesses de l’artillerie de siège allemande pendant le siège de Paris. C’est en octobre 1882 que sa réflexion arrive à une maturité telle que Péchot est en mesure de présenter au Ministre un Mémoire sur l’application au service de l’artillerie dans l’attaque des places et autres circonstances de guerre des chemins de fer à voie étroite. Après avoir été examiné lors de la séance du 27 février 1883, ce mémoire a suscité une nouvelle lettre de félicitations de la part de son auteur, sans que ses idées ne soient retenues, bien qu’elles se propagent. Dans les années 1880, une Commission mixte artillerie et génie a été mise en place par le Comité technique de l’artillerie pour examiner la possibilité d’adapter le matériel Decauville à la défense des places. Ce matériel peut être grandement amélioré, et l’intervention de Péchot est donc cruciale.
Le capitaine Péchot remarque en premier lieu que l’écartement des voies normales ne convient pas à l’objectif visé, en raison de l’encombrement, des quais nécessaires, des courbes et des pentes…
L’écartement Decauville de 0,50 est insuffisant pour la traction de charges très lourdes. Les Britanniques ont déjà utilisé fréquemment le critère de 0,60 pour établir un écart entre Port-Madoc (Porthmadog) et Festiniog (Ffestiniog).
Il semble satisfait en ce qui concerne les exigences techniques. C’est celui qu’il va faire accepter.
En 1883 et 1884, au Polygone des Matelots à Versailles, ont lieu les premières expériences sous la houlette du Comité de l’artillerie et avec les sapeurs de chemins de fer, devant une commission spéciale, dont Péchot est membre. On teste la voie de 0,60 avec du matériel Decauville, puis on la met en concurrence avec des voies d’écartements différents. Il faudra quatre ans pour trancher un débat qui ne se terminera qu’en 1888.
En règle générale, les artilleurs recommandent un écartement de 50 cm, tandis que les sapeurs privilégient des voies métriques compatibles avec le réseau normal.
Péchot s’est lancé dans l’étude du matériel depuis 1880, en commençant par un wagon, pour armer les places fortes et les approvisionner en munitions, sans attendre la conclusion de ce débat.
Il conçoit un « système de wagon spécial pour fardeaux longs ou lourds et indivisibles » et des «traverses métalliques de chemins de fer obtenues par emboutissage ou tout autre procédé approprié », travaux pour lesquels il dépose un brevet en 1882.
Plus tard, en 1886 et 1887, il déposera de nouveaux brevets, pour une « plaque tournante de chemin de fer », pour des « perfectionnements aux matériels roulants des chemins de fer » et pour des « perfectionnements à des locomotives à bogies moteurs »
La locomotive a un foyer unique et deux chaudières par rapport à un axe transversal, inspirée par la locomotive double Fairlie.
Le 19 décembre 1889 marquera la cession de tous ces brevets à la maison Decauville.
En 1884Péchot propose à Paul Decauville de renouer le partenariat sur un projet de wagon.
C’est à cet instant précis que l’officier fait la rencontre de l’ingénieur Charles Bourdon. Péchot se penche sur les irrégularités du champ de bataille, ce qui entraîne de nombreux déraillements pour un chemin de fer improvisé. Il intègre des balanciers compensateurs aux ressorts à lame traditionnels, ce qui permet aux longerons de s’incliner et aux roues de rester en contact avec la voie.
Avec Bourdon, Péchot entreprend un travail colossal : il imagine l’environnement de son projet en mettant l’accent sur la facilité d’installation des nouvelles lignes,
Les wagons surbaissés sont bénéfiques car ils permettent de se passer des quais en dur, des aiguillages…
De 1884 à 1888, des expérimentations sont menées en grande quantité à Toul. La démonstration de mai 1888 traite de l’acheminement de l’artillerie. Le transport de six canons de 155 mm se fait par rail sur une distance de 5 km. Ils sont alimentés en batterie et munis, le tout en moins d’une heure. Le 10 mai de l’année 1888, Le ministre de Freycinet visite la ville et décore Péchot de la croix de chevalier de la légion d’honneur. Le 3 juillet 1888 marque l’adoption définitive du système Péchot.
Les places de Toul, Verdun, Épinal et Belfort seront progressivement équipées par lui.
Henri Péchot, lors de l’inauguration d’une avenue nommée en l’honneur de son père à Toul, insiste sur ce point : «… pendant 17 ans, de 1882 à 1899, Péchot a réussi à donner la mobilité à l’artillerie de siège…
Pendant l’été 1886Péchot avait été désigné pour prendre part à l’armement en canons lourds de la presqu’île de Quiberon. Son matériel est d’une importance capitale. Les rails préfabriqués, montables et démontables facilement, garantissent la mise en place des pièces depuis la plage où elles ont été débarquées. Les wagons sont ensuite utilisés à Brest dans la même optique. Ces démarches aboutissent à l’adoption réglementaire du système Péchot pour l’armement des côtes (1887).
Afin d’assurer l’armement des côtes, on crée quatre équipages de chemin de fer à voie étroite, dont un pour l’Algérie Selon Le colonel d’artillerie Péchot, commandeur de la légion d’honneur (1849-1928), le général Chapel a donné des précisions. Il est difficile de croire au travail véritablement surhumain que le vaillant officier a dû fournir pendant cette période.
En 1894, il a été chargé de diriger le service de chemin de fer dans la vaste expérience d’attaque et de défense de Vaujours. Organisant des opérations au camp de Châlons ; rédigeant, par ordre ministériel, une instruction sur l’impact de l’utilisation conjointe du téléphone et de la voie de 0m.60 sur la tactique de l’artillerie pendant les opérations ; préparant à Toul, une vaste manœuvre, avec 20 kilomètres de voie (1895), rédigeant, en quelques mois, quatorze règlements (900 pages), relatifs à la construction et à l’emploi des chemins de fer à voie de 0m.60 dans l’artillerie de siège dirigeant l’application de ces règlements ; formant le personnel d’instruction ; procédant à des essais sur tous les terrains et par tous les temps ; rédigeant un projet d’instruction sur le service de l’artillerie dans l’attaque des places ; publiant une étude magistrale sur : Suite à de nombreuses conférences données aux élèves-ingénieurs des ponts et chaussées et des mines, etc., la stabilité des trains et des chemins de fer à voie de 0m.60 a été mise en évidence. Péchot est envoyé en Russie en 1896 dans le cadre des discussions militaires entre la Russie et la France pour contrer l’Allemagne de Guillaume II.
Une fois qu’il sera de retour, veuillez transmettre à l’état-major une évaluation de la faisabilité d’une voie de chemin de fer pour relier Lublin à Zanow.
En 1902, la réputation de son système est telle que la commune de Saint-Brieuc fait appel à lui pour l’assister dans les questions relatives aux équipements ferroviaires.
Prosper Péchot continuera à être officier d’artillerie et alternera les affectations dans des installations techniques avec des affectations en troupe ou en état-major.
De 1880 à 1907, il a été élève à l’École de Guerre et a dirigé le 3ème régiment d’artillerie à Castres.
Péchot quitte son poste de directeur d’artillerie à Brest en février 1909 après avoir été nommé commandeur de la légion d’honneur

Le Premier conflit mondial

Le 25 avril 1914, par décision ministérielle, le colonel de réserve Péchot est réintégré et désigné pour occuper le poste de chef des services spéciaux du territoire au sein du gouvernement militaire de Paris. Dès que la guerre éclate, il occupe auprès du futur maréchal Galliéni le poste de chef du service de l’artillerie du camp retranché pour la pose des voies étroites nécessaires à l’acheminement des pièces et des munitions jusqu’aux ouvrages. Il est dirigé par les généraux Miquel-Dalton et Desaleux. Il y a eu des demandes de locomotives et de matériel dans différents endroits, notamment sur les lignes de tramway Paramé-Rothéneuf ou La Trinité-Étel qui utilisaient des voies de 0,60 m. Les fortifications parisiennes n’ayant pas été utilisées suite aux résultats positifs de la bataille de la Marne, Péchot, En restant en mesure de participer à la défense de Paris (il demeure officiellement directeur des chemins de fer à voie étroite). A joué un rôle dans la création des écoles de chemins de fer à voie étroite ordonnée par le général Ragueneau, directeur des services de l’arrière. À Jouy-en-Josas et à Sucy-en-Brie, pour commencer, puis, en parallèle, à Boissy-St-Léger (des écoles de mécaniciens et de chauffeurs seront ouvertes ultérieurement à Suippes). À Saint-Étienne-au-Temple et à Toul, c’est là que ça se passe. À partir de 1918, toutes ces écoles seront rassemblées à Épinal sous le nom de « Centre d’organisation de la voie de 0,60 », avec un dépôt de matériel à Chartres.

Brevets déposés

« Machine à diviser à cylindre et à rubans d’acier, et permettant de reporter automatiquement les divisions égales ou inégales » brevet no 134926 du 7 mars 1880 (Source : archives Institut national de la propriété industrielle)
« Traverses métalliques de chemins de fer obtenues par emboutissage ou tout autre procédé approprié », brevet no 152784 du 21 décembre 1882 ;
« Système de wagon spécial pour fardeaux longs ou lourds et indivisibles » brevet no 152798 du 22 décembre 1882 ;
« Plaque tournante de chemin de fer » brevet no 178778 du 29 septembre 1886 ;
« Perfectionnements aux matériels roulants des chemins de fer » brevet no 180424 du 22 décembre 1886 ;
« Perfectionnements à des locomotives à bogies moteurs » brevet no 183986 du 3 juin 1887

Grades, distinctions, décorations

Chevalier de la légion d’honneur le 8 mai 1888
Officier de la légion d’honneur le 29 décembre 1903
Commandeur de la légion d’honneur le 6 janvier 1909
Médaille commémorative de la guerre de 1870

Les différentes commissions auxquelles il a appartenu


Comité de l’exploitation technique des chemins de fer de 1900 à 1920, qui comprend entre autres la Commission du matériel roulant des chemins de fer à laquelle il siège
Commission chargée de préparer le programme des épreuves à l’aide desquelles le frein continu pour les trains à marchandises (sic) sera présenté et soumis aux délégués des pays alliés, et d’arrêter les conditions dans lesquelles sera armé le matériel nécessaire pour ces épreuves (1919).
Comité consultatif des chemins de fer où, d’après une lettre du général Hirschauer détenue par la famille, Péchot n’arrive pas à imposer aux Allemands un certain système de freinage des trains (vraisemblablement en zone occupée par l’armée française, après la guerre).